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Sur la Façon de Créer l'Art ou Philosophie de la Creation Artistique

Tout le 20e siècle et ce début de 21e nous a habitués à un art rapide, bon marché et sans grande valeur en tant qu'objet artisanal mais dont la valeur marchande dépend exclusivement de sa médiatisation.

Les grands nom du XXe siècle continuent à se vendre à des prix qui dépassent l'entendement et à attirer les foules, alors que la pluspart n'ont rien qui justifie un tel succès.
Tout cela est du au phénomène de célèbrité et à la publicité.

Mais il ne faut pas aligner cette forme d'art simplifiée qui est parfois de bon goût, parfois non, avec les oeuvres majeures qui se sont succédées au fils des temps.

A partir du moment où l'on regarde une œuvre d'après la première guerre mondiale, on n'est plus dans le même registre d'idées et de valeurs artistiques qu'avant 1914.
Après 1950, on n'est même plus dans aucun système de valeur artistique du tout. On passe à un tout autre langage, essentielement conceptuel.

Tout le monde s'est engouffré dans cette façon de voir et de produire l'art. Et comme le contenu n'a plus de valeur, et que le contenant peut être fait (voire simplement apporté) par n'importe qui, le seul et unique point d'évaluation est le niveau de célébrité de l'artiste.

"Tout le monde est un artiste" a dit Joseph Buys, ce qui réduit inévitablement le niveau de l'art d'aujourd'hui au plus bas dénominateur.

Aujourd'hui être mécène ou collectioneur ce n'est plus financer des projets artistiques qui demande du travail et du temps, c'est acheter une valeur connue sur le marché.

Le prix d'une œuvre n'ayant rien à voir avec sa qualité, encore moin avec sa valeur matérielle ou artistique, et encore moin avec le temps qu'il a fallu pour la produire, les œuvres de grands prix ne sont pas meilleures que celles bon marchés.

Par rapport à un suiveur, un Mondrian aurait peut être encore ce petit quelque chose d'inexplicable en plus, mais biens d'autres grands noms ne ferraient pas la différence. Mais en général, toutes les œuvres produitent après 1950 se valent, qu'elles se vendent extrèmement cher ou extrèmement bon marché.

Cela veut dire que les élites, les grands collectioneurs, n'achètent pas des œuvres meilleures ni plus belles, mais qui coûtent simplement 100 ou 1000 fois plus cher que les œuvres d'artistes non connus.

Le 20e siècle a vu donc un nivellement vers le bas de l'art pour les élites qui rejoint en qualité et en valeur réelle celui de l'art de monsieur tout-le-monde.

Et évidement presque tous les artistes ont suivit cette tendence. On a laisser tomber le travaille artistique pour se concentrer sur la médiatisation de la personne de l'artiste. Cela est compréhensible puisque créer un travail de qualité ne fait pas avancer la carrière d'un pouce.

Or plutôt que de suivre la route de la facilité, nous avons voulu faire quelque chose de plus grand, de plus fort, de plus élevé. Ce "nous" c'est Françoise André et moi, a quelques décénies de distance, qui avions pris cette décision dès le départ. Ce "nous" c'est aussi les grands artistes des siècles précèdants qui n'ont pas du prendre cette décision aussi difficilement parcequ'ils vivaient dans un monde où cela allait de soit.
Et ils étaient naturellement rémunérés en fonction de leur travail, de leur talent.

Notre difficulté à faire quelque chose de grand en art, ou du moin de beau dans le sens d'admirable, est que cela exige d'appliquer une approche de la création artistique similaire à celle des ancients.

Or il ne s'agit pas seulement de s'enfermer dans son atelier et de s'improviser Rembrandt. L'artiste a un rôle social. Si son travail n'est pas reconnu il n'existe pas. Le problème est que l'élite sociale, le mécènat dans le sens de personne aimant les arts à titre individuel et ayant les moyens de les soutenir, ne reconnait plus la valeur présent dans l'art aussitôt qu'il s'agisse d'art contemporain.

Pas seulement par manque d'ancienneté ou manque de quote dans les maisons de vente, mais aussi par fait culturel. Pour les gens, ce qui fait la grandeur d'une œuvre du passé n'a plus de valeur dans une œuvre d'aujourd'hui. A partir du moment ou l'artiste est né dans un passé plus ou moin proche, et a fortiori si celui-ci est encore vivant, la vision des contemporains change à 180°. On attend plus d'un artiste actuel qu'il soit Michelange ou Raphaël. Et si il l'est quand même, on ne lui accordera pas plus de succès pour autant. Ce n'est pas ce qui interresse les gens d'aujourd'hui, même quand ils peuvent comprendre et apprécier ce fait.

La seule et unique chose qui interesse les gens aujourd'hui c'est le niveau de célèbrité de l'artiste. Si ce niveau est nul, la valeur accordée et reconnue sera egalement nulle.

Le 20e siècle nous a éduqué à penser que tous les artistes qui ne sont pas célèbrissimes se valent à égalité qu'ils soient talentueux ou non, professionels ou amateurs. Ce n'est pas parcequ'un tableau est beau qu'il vaut plus et encore moin parcequ'il a prit plus de temps. Tous les tableaux d'une taille donnée se vendent au même prix ou presque peu importe ce qu'il y a dessus. Que vous y peignez un monochrome ou un Jugement Dernier ne changera rien au prix de vente.

Donc créer avec le même état d'esprit que les anciens, en prenant le temps qu'il faut et en respectant matières et techniques, demande non seulement une formation pratique et spirituelle mais aussi qu'on s'oppose à l'indifférence générale dans la valorisation de l'œuvre créée.


Le plus difficile en art est certainement de faire un art qui en vaut la peine alors que l'entièreté du reste du monde vous incite à faire le contraire.

L'art officiel tout comme l'art alternatif se moque bien de l'oeuvre d'un artiste. Ce qui compte c'est d'être sympa, souriant et actif dans les associations et dans l'organisation des expositions de groupe.

Tout le monde vous dira qu'il est impossible de peindre comme le faisaient les anciens. Qu'un peintre doit de nos jours produire des toiles en grand nombre et rapidement si il veut vendre.

Mon travail prouvera le contraire.

©Frederic Hage 2012


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